Quelques idees de metiers ...

Introduction

Lassés de rencontrer moulte "trottineurs des bosquets" et autres marchands de pelletrie, nous avons décidé de vous présenter quelques métiers faciles à exercer sur les terrains de reconstitution et ne nécessitant pas d'échoppe établie. Ils n'ont rien d'exceptionnel, ni de glorieux mais chacun d'eux a permis de nourrir hommes et femmes du petit peuple tout au long des siècles. Ils ont fait partie de cette vie tapageuse et cacophonique qui grouillait dans la capitale mais aussi dans les villes et les bourgades de province.
Et ils ont marqué les artistes du temps : Jean Antoine Watteau dessine une série de sanguines ; François Boucher et Ravenet éditent en 1735 une série de gravure : Cris de Paris ; Edme Bouchardon dessine soixante petits métiers qui sont gravés et édités vers 1740... De même les écrivains ne sont pas en reste : Louis-Sébastien Mercier est l'auteur des Tableaux de Paris et du Nouveau Paris ; Jean-Jacques Rousseau évoque dans les Confessions la vie parisienne et Voltaire, dans ses échanges épistolaires avec Frédéric II, résume : Paris est comme la statue de Nabuchoconosor, en partie or, en partie fange.

Pour chacun d'eux, un court historique puis l'exercice de ce métier tel qu'il était pratiqué au XVIIIème siècle et, dans la mesure où nous l'avons trouvés, le "cri", qui permettait à une population qui en majorité ne savait pas lire, de reconnaître le métier pratiqué.

Organisation

Loin d'être des activités excercées à la sauvette, tous ces métiers étaient organisés en corporations réglementées par des statuts, lettres patentes et ordonnances royales qui visaient à assurer la bonne confection des produits et la loyauté des transactions. Celles-ci découlaient principalement des Coutumes des différentes confréries de métiers qui s'étaient formées au fut et à mesure du développement industriel et commercial. Ces textes précisaient les conditions de pratique : serment, horaires, jours fériés, durée d'apprentissage, hiérarchie, privilèges, limites de pratique, taxes et prix des produits, jours de marché et foire, entraide sociale, jour de fête du Saint protecteur... Ces lois évoluent en particulier sous l'impulsion de Saint Louis, Louis XI, Henri IV et Colbert (60 corporations en 1669 ; 129 en 1691) jusqu'à la suppression temporaire des corporations de février à juillet 1776. A partir de cette date, les règlements de corporations sont profondément modifiés, allégeant les impôts et taxes dûs au Roi, au Seigneur ou aux villes. Bien que supprimées à la Révolution, les corporations ont laissé de profondes marques dans la vie commerciale et industrielle française, comme en témoignent encore, par exemple, les Conventions Collectives.

Les textes sont conservés dans les Registres des Bannières ( c'est-à-dire des publications) et dans les Livres du Châtelet. Ce sont des registres tenus par les magistrats qui, au fil du temps, ont transcrit les réglements pour leur usage lors de procès. Ils étaient sous la garde du greffier des insinuations laïques du Châtelet. Commencés en 1467, ils contiennent des pièces remontant à 1290 ; le dernier se termine en 1703, date à laquelle l'office de Greffier des Insinuations Laïques fut supprimé. Conservé depuis chez le dernier greffier de ce charge, le Registre revient au Châtelet en 1745.

Si les Corporations garantissaient la stabilité du savoir-faire et sa transmission, elles ont également mené à des excès terribles car apprentis, ouvriers, compagnons étaient à la merci du bon vouloir du Maitre et si celui-ci était un tyran, la vie quotidienne tournait à l'enfer. De même, elles ont limité un certain développement technique. Inventeur du papier peint, Réveillon se plaint des entraves des différentes corporations que ce nouveau métier génait : ...le moindre outil que j'imaginais ou que j'employais n'était plus à moi, c'était l'outil d'une manufacture ; la moindre idée que j'exécutais était un vol fait aux imprimeurs, aux graveurs, aux tapissiers. Elles ont également exclus les femmes de certains métiers - d'où l'inégalité que l'on retrouve encore aujourd'hui - même si le produit de ces métiers était destiné aux femmes.

8 octobre 1712 : ordonnance du Roi qui défend à tous marchands d'étaler ou d'exposer en vente aucune marchandise sur les ponts, les quais et sous les portes de cette ville de Paris, les fêtes, dimanches, pendant le service divin, à peine de 500 fr. d'amende, confiscation des marchandises exposées et de prison.

28 août 1719 : un édit maintient tous les marchands et artisans de Paris et de ses faubourgs dans le privilège de pouvoir s'établir dans toutes les villes et tous les bourgs de France.

13 février 1743 fut affichée une ordonnance royale datée du 10 janvier pour la levée de la milice de 1 800 hommes de 16 à 40 ans, d'une taille de 5 pieds au moins. Tous corps et communautés de marchands et artisans sans distinction devaient tirer au sort. Si cette ordonnance parait égalitaire, il n'en est rien car tous les gens sans profession ou domicile fixe tels que domestiques hors de conditions, ouvriers sans maitres et vagabonds étaient miliciens de droit. Donc les racoleurs alpaguent sans vergogne jeunes naïfs et désoeuvrés pour le compte du Roi dans Paris. Et bientôt de nombreuses cocardes fleurirent aux chapeaux, signe distinctif des engagés "volontaires", tant qu'ils n'avaient pas endossé l'uniforme.

Afficheur
 
La première affiche française fut imprimée dès 1482. A partir de 1539, les actes officiels furent à la fois criés et affichés afin que nul ne les ignore. Au XVIIeme siecle, les particuliers sont autorisés à utiliser les panneaux d'affichage puis en 1716, avec l'accord de la police, les "petites annonces" sont placardées sur les murs. En 1722, des affiches raccoleuses annoncent les enrôlements avec force gravures et textes alléchants.

Ils sont 40 (...) aucun afficheur ne peut être reçu s'il ne sait lire ni écrire. on dispense l'afficheur de tout autre talent. (...) Ils ont à leur boutonnière une plaque de cuivre ; ils portent une petite échelle, un tablier, un pot de colle et une brosse. Ils affichent mais ne s'affichent point. (...) Un afficheur est l'emblème de l'indifférence. Il affiche d'un visage égal le sacré, le profane, le juridique, l'arrêt de mort, les chiens perdus (...) Quand ils ont mis la lettre du côté de la rue, et qu'elle est bien droite, ils la contemplent d'un air de satisfaction et s'en vont. Il leur est défendu de mettre aux portent et sur les murs des églises et monastères des affiches de comédie, romans et livres profanes - Mercier, vers 1780

23 avril 1700 : sentence de police qui enjoint à toute personne posant des échelles dans les rues, de faire en sorte qu'il y ait toujours au pied desdites échelles quelqu'un pour empêcher qu'il n'y arrive accident.

Boulanger
 

7 Juin 1709, arrêt du parlement qui réduit à 2 sortes (blanc et bis-blanc) au lieu de 4 (mollet, blanc, bis-blanc et bis), tout le pain débité dans les marchés et les boutiques des boulangers de Paris. Cet arrêt fut ré-édité le 21 août 1725

22 juin 1709, tout pain fait en contravention de l'arrêt du 7 juin est confisqué au profit des hôpitaux

28 juin 1709, condamnation à l'amende de regrattiers qui avaient acheté du pain pour la revente

18 août 1713 : arrêt du parlement qui défend aux boulangers de mettre des oeufs et du beurre dans leur pain, et de cuire des gâteaux et pâtés.

11 août 1717 : arrêt du Parlement défendant aux boulangers de faire des gâteaux de Roi, pour être donnés gratuitement.

9 juin 1724 : sentence de police qui défend aux Bourgeois demeurant dans les halles et marchés, de louer le devant de leurs portes aux boulangers, notamment à ceux de la place Maubert, sous peine d'amande.

4 mai 1725 : ordonnance de police pour les boulangers les obligeant à avoir, chez eux, un four à cuire - les oglibeant à marques leurs pains des deux premières lettres de leur nom et à y marquer le poids qu'ils doivent peser, à peine de confiscation et de 200 fr d'amende.

17 aout 1725 : ordonnance de police portant que les boulangers de Paris et ceux des halles et marchés seront tenus d'avoir, dans leurs boutiques, du pain de trois façons : un tiers de bis blanc, un tiers de blanc et un tiers de bis, sous peine d'amande et de confiscation.

Le 14 juillet 1725, un boulanger qui voulut vendre 34 sols un pain normalement vendu à 30, fut lynché par les voisins et une troupe de 1800 personnes environ s'en alla piller les maisons des boulangers du Faubourg Saint Antoine. La repression fit un mort et une dizaine de pendaisons par la suite. Le pain était cher : entre 7 et 8 sols la livre lorsque l'on en trouvait.

22 septembre 1739 : 2 arrêts du Parlement limitation des types de pains fabriqués : pain bis blanc et pain bis. Interdiction de fabriquer du pain mollet, ni des petits pains. Interdiction également d'utiliser d'autres grains pendant 1 an, soit à faire la bière, soit à faire de la poudre à poudrer, soit pour servir aux tanneurs.

26 octobre 1739, suppression pendant 1 an des droits payés pour la conduite des grains qui pouvaient arriver des provinces ou de l'étranger. Cette mesure permit de diminuer le prix du pain de 2 liards par livre.

183 maîtres à la fin du XVIIIeme siecle

Bouquetière
 

Bien que très présent au Moyen-Age, la profession n'est officialisé qu'en 1677 lors de l'enregistrement des statuts qualifiant ces femmes de maitresses bouquetières et marchandes chapelières en fleurs. Elles avaient seules le droit d'assortir et de vendre toutes soirtes de fleurs naturelles pour baptèmes, mariages, enterrements de jeunes enfants. Elles étaient obligées d'employer des fleurs nouvellement cueillies et ne devaient pas utiliser les fleurs d'acacia.
25 juillet 1735, interdiction à toute personne n'étant pas reçue maitresse bouquetières de vendre, débiter et colporter aucunes fleurs ni bouquets dans auncuns des lieux de la ville et faubourgs de Paris, à peine de 500 livres d'amende et de confiscation. Cette interdiction s'étend aux faïenciers, confiseurs et autres personne dans qualité de faire des bouquets, soit de fleurzs naturelles ou artificielles. Comme de coutume, les interdictions ne sont pas suivies et beaucoup de femmes et jeunes filles portent des éventaires de fleurs de toutes saisons, qu'elles vendent ou débitent par bottes et paquets propres à mettre dans des pots... prétendant que ces fleurs ne forment pas des bouquets façonnés.

L'apprentissage des bouquetières est de 4 ans et 2 ans de service chez une maitresse, dont le brevet coutait 30 livres et la maitrise 500 livres. Les bouquetières ne peuvent prendre que 2 apprenties. Leur Saint patron est Saint Fiacre. Le siège de la corporation est situé rue de la Bouqueterie, près de l'Eglise Saint-Julien-Le-Pauvre. Le principal lieu d'étal est le Pont-Neuf et les mercredi et samedi un marché aux fleurs s'installe Quai de la Feraille. Lorsqu'un personnage de haute importance venait à Paris, il recevait la visite des bouquetières qui lui offraient un bouquet comme présent de bienvenue et il était d'usage que ce personnage leur fit un cadeau en monnaie sonnante et trébuchante pour les remercier de fleurir et parfumer son arrivée.


En 1776, le métier devient libre. A la fin du siècle, le métier se partage en trois corps distincts : jardinières-fleuristes qui cultivent les fleurs, marchandes de la Halle qui vendent en gros et bouquetières qui vendent au détail et confectionnent les bouquets.

Elles sont 82 sur la place de Paris à exercer ce métier vers la fin du siècle

Les deux soeurs, et surtout Suzette, eurent un joli habit de jardinière, de coton fin, avec des noeuds de ruban rose aux manches, et du lacis ; elles étaient faites au tour, et cela leur allait à merveille : elles avaient des bas du coton le plus fin, (...) avec des rubans, et un soulier de maroquin noir, avec le talon mince et bas ; leurs boucles rondes à l'ancienne mode étaient à double rang de pierres, et très brillantes - Restif de la Bretonne (vers 1790)

Colporteur
 

Longtemps libre, le métier de colporteur a acquis ses statuts au XVIIeme siecle. Le nombre des colporteurs fut fixé à 120 en 1723. Ils savaient lire et écrire et portaient un écusson de cuivre où était gravée leur profession. Tous les ans en mars, ils devaient présenter cette plaque et leurs lettres d'autorisation au syndic et adjoints pour vérification et renouvellement.

Ils vendent de la mercerie, des bibelots, des objets de fabrication douteuses, des oeuvres de petits artisans travaillant plus ou moins clandestinement, des imageries populaires, mais aussi des livres médicaux, de recettes de cusine, de recueils de complaintes, de récits bibliques, de noëls des métiers, de miroirs d'astrologie, mais aussi de sermons joyeux, de récréations burlesques, d'inventaires saugrenus, de facéties scatologiques, de contes de légendes,de romans historiques et d'aventures épiques - Massin.
Bien-sur, il apporte aussi les nouvelles de villes en villages : il est un journal vivant. Mais c'est un métier à risque : entre 1715 et 1789, 1000 personnes sont incarcérées pour avoir vendu des livres interdits.

Octobre 1732 : défense de crier dans les rue, ni d'y vendre ou débiter aucuns imprimés dont la permission serait plus ancienne date que d'un mois, sous peinde d'emprisonnement et de peine de 50 livres d'amende.
Ils doivent avoir également obtenu l'autorisation du Lieutenant Général de Police pour vendre les imprimés uniquement sous le titre indiqué en première page.

25 septembre 1737 : cette ordonnance royale censurant la distribution hors boutique des livres nous renseigne sur les conditions de travail : colportage dans les maisons particulières, les hotelleries, les cabarets, les cafés, les rues ou sur des étalages installés sur les ponts, les quais, parapets (les bouquinistes actuels en sont les héritiers) et carrefours, privilèges qu'ils avaient obtenus d'Henri IV. Les livres sont neufs ou vieux, la plupart vendue ou volés par des enfants de famille ou des domestiques, et recélés par ces étaleurs...

Pourtant en 1756, le Lieutenant de Police faisait enlever toutes les petites boutiques du Pont Neuf, s'attirant les foudres des Parisiens

Courtisane
 

Plus vieux métier du monde fort en vogue au XVIIIeme siecle où s'illustraient cantatrices, danseuses et comédiennes mais aussi la Fanchon, la Papillon ou la Dupuis Chevalière chères au coeur de Restif de la Bretonne ou la Duclos rencontrée par John Law de Lauriston chez le Régent.

10 juillet 1729 : sentence de police défendant sous peine de 50 fr. d'amende, à tous propriétaires et pirncipaux locataires de maisons de louer aucun appartement à des femmes, filles de débauche et gens sans aveu.

Vers 1768 : charitable remontrance d'aucunes damoyselles françoyses sur leurs ornements dissolus, pour les induire à laisser l'habit du paganisme, et à prendre celui de la femme pudique et chrestienne.

Crieur de Loterie
 

Les loteries sont de plus en plus nombreuses malgrès les interdictions proscrites par la police les 5 et 26 mars 1700. Pourtant par ordonnance royale datée du 11 mai de la même année, le Roi ouvre à l'hôtel de ville une loterie royale composée de 400 000 billets de 2 Louis (13 livres) avec 485 lots en argent et 500 000 livres de rente viagères dont un gros lot de 20 000 livres. On imagine facilement la popularité d'une telle loterie. Elle ne fut pas la seule : la même année, la Duchesse de Bourgogne organise à son tour une loterie dotée d'un gros lot de 4 000 louis. A partir de cette date, à chaque fois que l'on avait besoin d'argent, une loterie était organisée. Durant le redoutable hiver 1740, une loterie fut organisée au profit des pauvres.

Et le crieur était là pour annoncer l'ouverture, les dotations, les dates de tirage et les résultats des loteries.

L'ordonnace publique était toujours lue et publiée à haute et intelligible voix, à son de trompe et cry public, en tous les lieux ordinaires et accoutumez.

En 1716, un notaire peu scurpuleux finit au pilori pour avoir dissipé les deniers d'une loterie dont il était le receveur.

Pour la loterie royale organisée en 1776, des crieurs publics racolaient les chalands et les dirigeaient vers les bureaux de loteries toujours ouverts et qui étaleint tout un arsenal de billets préparés, de roues de fortune, d'inscirptions pompeuses, de rubans entrelacés. Bientot la mise dont le minimum de 3 livres fut hors de bourses ; des sociétés en participation furent créées pour la diviser jusqu'au denier, permettant aux plus pauvres de participer.

Decrotteur
 

Gagne-deniers c'est-à-dire métier sans statut et qui ne paye rien au Roi, il se pratique la plus part du temps dans la rue. Les décrotteurs arpentent le pavé, une petite sellette sous le bras pour poser le pied du client, d'un vieux chiffon pour oter la boue, d'un décrottoir, d'un polissoir pour étaler la cire ou l'huile mélangée à du noir de fumée et du blanc d'Espagne pour lustrer les boucles en argent des souliers.

Les honoraires de brosses - terme consacré- sont fixes : 2 liards et ne varie pas durant tout le XVIIIeme siecle.

Ecrivain public
 

Métier indispensable dans une société où peu savent lire et ecrire, l'écrivain public officie à un petit étal mobile sur lequel il écrit et enjolive (...) de tendres secrets des servantes (...) ELles parlent à l'oreille du secrétaire public comme à un confesseur, et la boite où est l'écrivain ressemble à un confessionnal tronqué - Mercier.

La lunette sur le nez, la main tremblante et soufflant dans ses doigts, le scribe donne son encre, son papier, sa cire à cacheter et son style pour 5 sols- Mercier

On compte 125 écrivains à la fin du siècle.

Huîtrière-Ecaillère
 

Métier très prisé au XVIIIème siècle, l'écaillère possède un don : rien n'égale sa prestesse et le jeu adroit de son poignet : on dirait que ces coquilles d'huîtres ne sont que légèrement collées, elle semble les détgache en les touchant - Prud'Homme in Les Contemporains

Les huîtres proviennent de Dieppe et Etretat mais les plus appréciées sont élevées à Cancale et Courseulles. En 1790, les Dieppoises se vendent 10 livres 5 sols le panier de 300. Elles arrivent à Paris en cloyères (bourriches) par 2 moyens de transport : les huîtres à l'écailles viennent par voie d'eau et les huîtres de chasse viennent par les chariots des Chasse-Marées dans des cuves pleines d'eau de mer. Elles sont stockées rue Montmartre puis vendues au détail par des pourvoyeurs-vendeurs d'huïtres à l'écaille. Ne sachant pas comment les conserver, leur consommation cesse pratiquement durant les périodes estivales

Le 10 decembre 1700, une ordonnance de police défend de crier, vendre des huitres en écaille après 8 heures le soir.

Limonadier - vendeur de café
 

Vendeur de boissons chaudes et froides.

La vogue du café prit son essort vers 1660.A l'époque il portait encore le nom de cahove. Il fut taxé en 1693 de 10 sols la livre vendue 4 Francs. Paris compte grand nombres de cabarets fréquentés tant par les hommes que par les femmes. Vers 1724, le célèbre Caffé Procope ouvre ses portes au 13, rue des Fossés-Saint-Germain à Paris ou à partir de 1740, se retrouvent les Encyclopédistes.

Le 12 mars 1692, un arrêt du Conseil révoque le privilège du café, thé, sorbet et chocolat, établi par l'édit de janvier 1692 et permet aux limonadiers de les faire et distribuer comme au paravant.

12 mars 1702, lettres patentes concernant les apprentis limonadiers.

27 novembre 1717, defence faite aux épiciers, cabartiers, limonadiers et à tous venderus de boissons, de recevoir dans leurs maisons, cabarets, ou boutiques, après 5 heures du soir en hiver et 9 heures en été, aucun soldat ou archer du guet, à peine de 100 livres d'amende.(...) leur étant aussi défendu, de même qu'aux vendeurs de café, de tenir leurs maisons et boutiques ouvertes apèrs 8 heures le soir en hiver et 10 heures en été.

6 novembre 1725 : sentence de police qui condamne le nommé Ferret, limonadier, demeurant place du pont St Michel, en lamende avec fermture de sa boutique pendant 3 mois pour avoir donné à boire, chez lui, à une heure indue.

1760, Jean Ramponneau vendait son vin 3 sous 6 deniers la pinte, un sous de moins que ses confrères. Et l'on devait faire la queue pour entrer dans son établissement Au Tambour Royal. L'ammeublement est succint : bancs de bois et tables boiteuses autour desquelles se pressent des gens de toutes conditions. Cet engouement dura jusqu'à la veille de la Révolution.

Paris compte 361 maîtres cafetiers vers 1780

Marchande de Bois de Chauffe
 

Le vente du bois n'etant pas libre, son prix de vente est fixé par le Prévot des Marchands. Une ordonnance du 18 décembre 1719 annonce que jusqu'au 1er avril de la même année, chaque voie de bois sera augmentée de 10 sols, ce qui établit le prix du bois ainsi :
La voie de bois neuf valait 13 livres 12 sols 6 deniers ; et celle du bois tailli mélé de bois blanc 10 livres 12 sols 6 deniers ; la voie de cotrets 13 livres 3 sols 6 deniers ; la voie de fagots 13 livres 3 sols 6 deniers et une taxe de 4 sols par voie pour l'hôpital général.

L'hiver 1729 fut si rigoureux que la ville de Paris fit délivrer du bois aux pauvres à 6 livres de moins que le prix ordinaire et en fournit gratuitement pour les feux publics installés aux carrefours.

Marchande d'Eau de Vie
 

24 janvier 1713, Déclaration du Roi défendant de faire et fabriquer des eaux-de-vie d'autres matières que de vin.

31 juillet 1713 : arrêt du Parlement qui défend aux bourgeois de Paris de vendre le vin de leur cru ailleurs que dans leur maisons d'habitation, à huis coupé et pot renversé.

6 novembre 1731 puis confirmation le 5 juillet 1738 : autorisation faite aux épiciers de vendre de l'eau-de-vie et d'en donner à boire chez eux sans que le consommateur put s'attabler...

24 mars 1771 : arret du Conseil d'Etat défendant l'entrée de poiré dans la capitale pour consommation exessive. Entre octobre 1761 et septembre 1768, 150 muids furent bus mais soudain en 1769, 1 362 muids furent consommés, puis en 1769, 1362 et en 1770, 4 234.Ce poiré est essentiellement acheté par les marchands de vin qui le mélangent à d'autres alcools ou le coupent d'eau. Donc il est fait défense à tous marchands de vin, bière et cidre et à touts autres, d'en introduitre dans ladite ville et fauxbourgs, à peine de 1 000 livres d'amende.

Marchande de Lait
 

Le lait étant paré de toutes les vertus, il est vendu chaque jour dans la capitale.

Les laitières arrivent le matin, jettent leur cri accoutumée et perçant "La Laitière, allons, vite !" Aussitot les petites filles à moitié habillées, en pantoufles, cheveux épars s'empressent (...) de prendre pour 2 ou 3 liards de lait. Si les laitières manquaient d'arriver à l'heure, ce serait une famine dans les déjeuners féminins. A 9 heures, tout le lait aqueux est distribué.- Mercier

On falsifie le lait (...) : on y met de l'eau, (...) Une ordonnance de police a sagement défendu d'apporter du lait dans des vases de cuivre ; mais le paysan opiniâtre les a gardés chez lui ; et, pour contrarier la loi, il tire la vache dans le cuivre, et le transvase au matin dans les nouveaux pots en fer-blanc - Mercier

Elles sont souvent vêtues d'une jupe rouge mais ne ressemblent guère à la Laitère de Greuze. Ce sont de rustres femmes de la campagne, vieillies avant l'age et habituées aux travaux les plus durs.

4 novembre 1701, ordonnance de police qui défend de donner aux vaches laitières de la dresche corrompue ou du marc d'amidon.

On compte 151 laitiers à la fin du siècle

Cri : Qui veut du lait ?

Marchand de Lanternes
 

30 août 1720 : sentence de police qui condamne Le Gai, chandelier, et sa femme solidairement en l'amende, avec fermeture de boutique, pour avoir vendu de la chandelle au-dessus du prix fixé.

9 mars 1724 : sentence de police qui fait défence aux commis préposés pour allumer les lanternes publiques, de changer, altérer, falsifier les chandelles, à peine de 500 fr. d'amende.

26 décembre 1745 : sentence de police interdisant de faire ou de fabriquer des chandelles des rois à peine de 20 livres d'amende, et aux garçons de les porter à peine de prison. Cette défense fut renouvellée en janvier 1748. Les chandelles des rois étaient de grosses chandelles peintes de diverses couleurs, dont les chandeliers faisient présent à leurs pratique le jour des rois.

28 décembre 1745 : par lettre patente, remplacement des lanternes par des reverbères pour l'éclairage public mais la transformation demande plusieurs années avant de devenir en 1769, le standard de l'éclairage. Sur les 7 000 becs que comptait Paris en 1769, 3 000 étaient des réverbères. La compagnie se chargeait de la fourniture des reverbères et de l'entretien ; des luminaire et payait les allumeurs. Cet éclairage durait toute l'année suivant les degrés de la lune et éclairait les rues jusqu'à 3 heures du matin

171 maitres chandeliers travaillent à la fin du siècle

Marchand d'Oublies
 

Les oublies sont des pâtisseries à pâte légère avec oeufs sucre ou miel et cuites entre deux fers. Les oublies de supplication sont des gaufres, les oublies d'étrier sont roulées en cornet.

Vieux métier à Paris dont les statuts datent de 1270, le marchand d'oublies exerce son métier en fin de journée. Il est souvent convié dans les maisons bourgeoises où l'on jouait les oubies aux dès. Si le gagnant remportait le "coffin" - panier d'oublies - l'oublieur devait entonner une chanson qui commençait gentiment et finissait souvent grivoise. Le 10 janvier 1700, une ordonnace de police défend à toute personne n'appartenant pas à un pâtissier de crier des oublies. Pourtant, certains abusèrent de ce privilège pour détrousser leur hôte et, après 1722, une ordonnance interdit cette pratique

31 juillet 1700 : arret du parlement permettant aux pâtissiers d'acheter, sur le carreau et de première main, aux heures accoutumées, les viandes dont ils ont besoin pour leur profession.

9 mars 1703 : sentence de police permettant de pâtissiers d'acheter concurrement avec les fruitiers, les beurres dont ils ont besoin, de la première main, hors les heures des bourgeois

14 aout 1711 : arret du Parlement qui défend aux pâtissier de vendre, en leurs boutiques, des jambons et du lard, leur permettant d'acheter du lard frais et de la saler, pour leur pâtisserie

31 décembre 1740 : arrêt du Parlememnt interdiction à tous patissiers et boulangers de fabriquer, ni vendre, à l'occasion de la fête des rois, aucuns gâteaux de quelque nature qu'ils soient, sous pein de 500 livres d'amende.

245 maîtres pâtissiers exercent leur métier à la fin du siècle

Marchande de Poterie
 

15 février 1766, un arrêt du Conseil d'Etat du Roi autorise la fabrication des procelaines à l'imitation de celles de Chine avec des pâtes comosées de telles manires que les entrepreneurs desdits ouvrages jugeront à propos, tant en blanc que peintes en bleu et blanc et en camayeu d'une seule couleur, à la charge par chauqe entrepreneur de peindre, graver ou imprimer au revers de chaque pièce de sa porcelaine les lettres initiales de son nom ou telle autre marque qu'il aura choisie, (...) dont il déposera l'empreinte (...) par-devant le Lieutenant Général de Police.

116 maîtres potiers de terre ont un atelier à Paris à la fin du siècle.

Nourrice
 

25 janvier 1715, établissement de 4 nouveaux bureaux de recommanderesses qui recrutent et surveillent les nourrices. Pour Paris, on compte alors 6 bureaux. Ils étaient sous la juridiction du lieutenant général de police.

Déjà, une ordonnance datant du 13 janvier 1350 interdisait aux recommanderesses de confier plus d'un enfant par an à la même nourrice et un arrêt de 1611, défendait aux pourvoyeurs de conduire les nourrices ailleurs que dans les bureaux de recommanderesses et aux sages-femmes et aubergistes de recevoir, loger et louer des nourrices.

Pour des raisons diverses, les bourgeoises parisiennes ne nourrissaient pas leurs enfants en bas âge. Ceux-ci étaient donc confiés à des jeunes femmes pauvres, gérées par les recommanderesses. Ces nourrices devaient avoir un bercceau et ne pas faire coucher l'enfant avec elle sous peine de 100 livres d'amende. Le 17 janvier 1757, une ordonnance interdit aux femmes enceintes de prendre un nourrissons et une autre datée de 1762 frixe à deux ans la durée maximum de l'allaitement pour les nourrices. Quand aux pourvoyeurs, ils devaient signaler tout problème au curé et il devait prévenir le lieutenant de police si les gages s'accumulaient plus de 3 mois.

Pour pallier le problème chronique du paiement des gages aux nourrices, une déclaration royale du 28 juillet 1769 regroupa les bureaux de recommanderesses en un seul dont la direction était assurée par 2 hommes et 2 femmes. Le recouvrement des gages était assuré par 20 préposés pour Paris et 2 pour la banlieue. Ils reversaient chaque jour l'argent collecté dans la caisse centrale.

Poissonnière - Marchande de Marée
 

Entre Boulogne et Paris, la route du poisson s'étend sur 63 lieues que les Chasses-Marée couvrent en 20 heures pour apporter le poisson frais aux premières heures du jour entre le 1er octobre et Pâques, saison froide propice à une meilleure conservation.

Servis bien après les cuisines royales et les grandes tables parisiennes, viennent les poissardes harengères, les poissonnières qui étalent aux marchés publics, dans des baquets pleins d'eau qu'elles ont devant elles, le poisson vivant qui nage et se conserve quelque temps. Elles vendent aussi par les rues susr des inventaires le poisson qui a été rapporté de la mer et qui est mort depuis peu. - Jaubert

On vend aussi du poisson d'eau douce dont le prix est fixé chaque jour par quatre jurés. La vente est interdite entre la mi-avril et la mi-mai, époque du frai.

Par exemple, en 1700, Une morue fraîche se paye 2 livres ; une raie, 3 livres ; un grand turbot, 20 livres ; une livre de thon frais, 10 sols ; une livre de thon mariné, 1 livre 15 sols.

17 janvier 1702, déclaration du Parlement qui permet aux détailleresses de vendre le poisson de mer sec, salé et détrempé.

21 juin 1726 : sentence de police condamnant en l'amende des marchands de marée, pour avoir exposé leurs poissons, sur le passage des processions, le jour de la Fête-Dieu.

Environ 400 sur la place de Paris à la fin du XVIIIème

Porteur d'Eau
 

En 1715, on compte près de 600 porteurs d'eau à Paris.

25 mai 1703, ordonnance de police pour la discipline des porteurs d'eau qui puisent aux fontaines.

4 juin 1726 : sentence de police qui défend aux porteurs et porteuses d'eau d'empêcher les bourgeois de puiser avant eux.

Fin 1767, une machine pour clarifier l'eau de la Seine fut inventée et en mai 1768, le rapport favorable du Lieutenant Général de Police marqua la naissance d'une société de distribution de l'eau clarifiée à raison de 2 sols 6 deniers la voie, tenant 36 pintes rendue chez le particulier à quelque étage que soient leur demeure ; dans les faubourgs, il en coute 6 deniers de plus, sauf pour Saint Germain considéré comme intra-muros. ce service est assuré sur abonnement. Les tonneaux sont peints aux couleurs du Roi et de la Ville ; ils sont fermés d'un cadenas et la clé est confiée à des préposés, supervisé par un Inspecteur. Les charretiers et porteurs d'eau attachés à cette société sont vetus d'une veste et d'une culotte bleues garnies de boutons jaunes, et sur leur bonnet une plaque de cuivre gravée aux armes du Roi et de la Ville. Les seaux sont marqués de 4 clous en dedans pour marquer la mesure de 36 pintes des porteurs d'eau.

Les fontaines publiques débitaient difficilement 2 litres par jour pour chaque habitant mais 30 000 puits fournissaient une eau glauque, insalubre pourtant préférée des Parisiens.

Cri : A l'eau ! A l'eau !

Rémouleur
 
Les statuts établis en 1562, la corporation est dirigée par 4 maîtres jurés qui se retrouvent au Couvent des Augustins sous l'égide de Sainte Catherine. Chaque maître posséde un poinceau afin de marquer ses ouvrages.
Bien que cette corporation posséde peu d'envergure, elle sait préserver ses privilèges surtout contre les couteliers dont la pratique était très proche mais ces derniers ne pouvaient avoir de meule et de polissoirs.
Vinaigrier
 
2 juin 1772, suite à des abus et malversations, le roi mit en demeure les vinaigriers d'observer les statuts de 1661 de faire commerce uniquement de vins aigris, gâtés, piqués ou amers ou autrement défectueux à raison de 2 000 muids par an pour les convertir en vinaigre. Ils devaient également tenir boutique à coté de leur demeure et n'avoir aucun cire ou poiré chez eux.
Cette ordonnance faisiat suite à des échanges frauduleux entre vinaigriers et marchands de vin qui firent entrer hors droits plus de 7 500 muids de vin plus ou moins gâtés au cours de l'année 1768. Ces vins étaient racommodés et vendus par des marchands de vin peu scrupuleux.

D'autres idées de petits métiers...


Vielleux


Vendeur de Soufflets de Cheminée


Vendeur de Lacets


Vendeur d'Encre


Vendeur de Gravures

Vendeur de Cuillères

Vendeur de Chaudron

Tonnelier

Sonneur de Cloche - Crieur

Scieur de Bois

Repriseur

Cureur de Puits

Marchande de Légumes

Piégeur de Rats

Ramoneur

Porteur de Rue

Marchand de Peaux de Lapin

Marchande de Noix

Le Provençal

Marchande de Fruits
 
     

Sources :

Paris à Travers les Siècles - tome III par H. Gourdon de Genouillac - F. Roy Editeur 1886.

Violence, Pouvoirs et Solidarité à Paris au XVIIIeme Siecle - Arlette Farge - Hachette Collection Points Histoire - ISBN : 2-02-013707-0

La France au XVIIIeme Siecle - Olivier Chaline - Belin Histoire - ISBN : 2-7011-1542-6

Les Métiers de Paris - Charles Desmaze - Editions de Paris - 1874

Les Petits Métiers de la France d'Autrefois - Michel Beurdelay - France Loisirs - ISBN : 2-7242-7431-8

Le Journal de la Vieille France - ISSN 1254-5635 - bimensuel traitant des traditions populaires techniques, collections, histoire, curiosités, bibliophilie, art de vivre, coutumes, beaux-arts, ethnographie, sciences, vieux papiers et vieux bouquins. Un journal fort intéressant que l'on trouve en kiosque ou sur abonnement. Renseignements : vieillefrance@post.club-internet.fr.

Encyclopédie Diderot - d'Alembert : http://hera.inalf.fr/searchform.html

Sources des images :

Gravures de Lacroix "Les Cris de Paris" : http://www.costumes.org/history/18thcent/lacroix

Dessins de Watteau : http://www.nationalmuseum.se

 

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