Les Tissus


SOMMAIRE
Introduction

Costume masculin
Costume féminin
Costume enfantin
Composition de la garde-robe


Adaptation aux rigueurs canadiennes

Les tissus

Matières premieres
Technologie

Le fil
Le tissage
Les différentes armures
Les différents aspects

Utilisations

Tableau avec échantillon, descriptif et vêtements confectionnés avec ces étoffes



INTRODUCTION
Pour commencer, nous allons faire un rapide tour d´horizon des différentes composantes du vêtement populaire en Nouvelle France au cours du XVIIIème siècle. Nous ne traiterons ici ni du costume de la haute bourgeoisie, ni de la noblesse qui feront l´objet d'une autre exposition.
La dénomination des tissus et des pièces de vêtements est celle employée alors. Il y a donc quelques différences avec notre vocabulaire actuel :

Veste ou justaucorps = gilet avec ou sans manche
Habit = veste
Capot = sorte d'habit avec une capuche
Le corset était à l´époque une pièce d´habillement peu ou pas baleiné. Ce que nous appelons aujourd´hui "corset" se nommait "corps à baleines" et était quasiment absent de la garde robe d´une femme du peuple (5 seulement apparaissent dans les inventaires cités par nos sources). Essayez de travailler en ayant un carcan autour du buste :-)
Mouchoir de cou = châle ou fichu

costules homme et femme Canada Le costume masculin.
Chemise, culotte ou brayer (sorte de pagne maintenu à la taille par une ceinture), mouchoir de col ou cravatte, veste, habit, capot, bas, sabots, chaussures ou souliers sauvages (mocassins ou bottes en cuir de vache), chapeau ou tuque (bonnet de laine)

Le costume féminin.
Chemise, corset, poches, jupe, casaquin, mouchoir de col, cape, bas, sabots ou chaussures, tablier, coiffe

Le costume enfantin.
Avant 6 ans : idem celui des femmes
Après 6 ans : Garçon : idem homme - Fille : idem femme


NOTA
Dans les prochains mois, nous vous proposerons une expo - atelier avec les patrons pour réaliser un costume "type" pour chacune de ces catégories. Il est évident que ce costume ne tiendra pas compte des différences vestimentaires régionales existant aussi bien en France qu'au Canada et en Louisiane.


La composition de la garde robe
Le vêtement de rechange demeure rare. Seules les chemises (5 à 6 par personne), les coiffes (6 à 8 par femme) et les tabliers (2 à 3 par femme) semblent être les pièces d'habillement les plus nombreuses comme l'attestent les inventaires après décès. La garde robe populaire tient dans un ou deux coffres.
Puisque le vêtement est importé de la métropole soit sous forme de tissus que l'acheteur confie au tailleur local, soit déjà confectionné mais de seconde main via les frippiers, son coût demeure élevé et suppose par conséquent un renouvellement peu fréquent.
Bien précieux que l'on transmet à ses enfants, il est entretenu, repassé mais peu lavé (1 à 2 fois par an). Il est usé jusqu'à la trame la plupart du temps. Les plus jeunes sont habillés avec les parties les moins abimés des vêtements donnés par leurs ainés lorsque ceux-ci sont retaillés, pratique qui demeure peu courante.

Des adaptations aux rigueurs de l'hiver
Venant de France où les hivers n'ont pas la dureté de ceux du Canada, les émigrants ont rapidement utilisé les matières premières locales et adopté des éléments vestimentaires appartenant aux Amérindiens.

Souliers sauvages ou souliers de boeuf ou en cuir d'orignal imperméabilisés par la graisse
Fourrures d'ours, de loup marin, de castor (bien que celle-ci soit en majorité exportée)
Raquettes pour se déplacer sur la neige


LES TISSUS
Les matières premières

La culture du lin et du chanvre permet la fabrication d'une toile de pays. L'élevage des ovins entraîne la création de filatures, souvent à domicile et la confection de vêtements adaptés aux hivers tels que la cape et le capot en drap de laine épais ou la tuque, sorte de bonnet de meunier en laine tricotée parfois doublée de fourrure. Les mitaines et les moufles complètent la protection contre le froid. Mais la meilleure protection demeure l'empillement des vêtements et le coin de feu jusqu'au dégel ;-). La toile de coton est importée et demeure très onéreuse.La soie également importée reste l'apanage des personnes aisées mais on la trouve en petite quantité sous forme de mouchoir de cou.

En métropole

Les régions de production sont nombreuses et spécialisées :
La Picadie, l'Anjou, la Bretagne et le Maine produisent de la toile de lin pour le linge de corps
Alençon, Mamers et Bolbec, des toiles et canevas de chanvre
Rouen et l'Alsace, des toiles de coton
Paris, Abbeville, Amiens, Elbeuf, Louviers, Reims, Rouen, St Omer et Sedan, des draps de laine
Lyon, Nîmes, Paris et Tours, des soieries
Mulhouse, Paris, Rouen, Marseilles et Lyon, des toiles "peintes" (imprimées)
Argentan, Alençon et Sedan, des dentelles à l'aiguille
Valenciennes, Le Puy et Chantilly, des dentelles au fuseau

A l'étranger

La Hollande, de la toile très fine pour les chemises d'homme
Les Indes Orientales, des toiles de coton "peintes" - nous y reviendront dans une exposition dédiée spécialement à ces tissus car ils ont eu un destin particulier.


TECHNOLOGIE
Le fil

Les fils simples sont des fibres parallèles maintenues par une torsion.
On distingue deux types de torsion : en "S" ou en "Z".

Torsion en "S"

Torsion en "Z"


Ils sont employés au tissage et servent également à la fabrication de fils multiples.
Les fils multiples sont employés en fils de trame lorsqu'ils sont de retors moyen et en fils de chaine lorsque le retors est plus serré, plus résistant

Torsion simple

Torsion retors


Les fils "Fantaisie" sont formés d'un fil central ou "âme" et d'un fil enroulant qui masque partiellement ou totalement ce fil.
Ces fils sont généralement employés en broderie pour les fils métalliques (âme de coton et fils d'or, argent, cuivre...)

Les fils peuvent subir des traitements de manière à modifier leur aspect ou leur résistance.

Le mercerisage constiste à traiter le fil avec une solution de soude pour éviter le retrait. Le fil traité présente un aspect brillant et se teint plus aisément.
Le glaçage est l'imprégnation dans l'amidon ou la cire et facilite le tissage mais ce traitement disparait au lavage.
Le flambage consiste à passer rapidement le fil sur une calandre (rouleau chauffé) afin de détruite les fibrilles et lisser le fil. Le coton pour voile et étamines subit cette opération ainsi que certains fils de laine et de chanvre pour faciliter le tissage.

Le tissage

Les tissus ordinaires ou unis sont invariablement composés de fils entrecroisés dans deux directions perpendiculaires : fils longitudinaux parallèles, tenant toute la longueur de la pièce (chaine) et fil continu transversal entrelacé avec les premiers (trame).

trame

La duite est la quantité de trame qui est déroulée et insérée par la navette du tisserand entre deux lisières.
Les lisières sont les bords d'une pièce de tissus dans le sens de la chaine.

Le mode d'entrelacement prend le nom d'armure.


Les différentes armures :

La toile
Un pris et un sauté à contrarier à chaque duite.
Les deux faces du tissu sont semblables mais sa variété dépend de :

  • la nature du textile (toile de soie ou toile de coton par exemple)
  • la grosseur des fils (cretonne ou linon de coton)
  • du compte en chaine et du duitage (étamine ou batiste de coton).

armure de toile

Une toile peut être grattée, imprimée, glacée ou brodée sur son endroit.

Il existe deux dérivés de l'armure Toile :
Le natté
Avec différentes possibilités de tissage :
Le natté régulier où le nombres de pris est égal au nombre de sautés et au nombre de duites. Exemple 1.
Le natté irrégulier où le nombre de pris égale le nombre de sautés mais différent du nombre de duites. Exemple 2.

Ce tissage permet d'obtenir un grain marqué en raison de l'effet de carrés ou de rectangles suivant le nombre de sautés. La souplesse est accrue grâce aux flottés - les flottés de chaine correspondant aux fils de chaine passant sur plusieurs fils de trame et les flottés de trame correspondant aux fils de trame passant sur plusieurs fils de chaine.Mais ceux-ci rendent le tissu plus fragile.

Exemple 1
Natté de 2 : 2 pris = 2 sautés = 2 duites

Exemple 2
Natté 2 fils, 3 duites : 2 pris = 2 sautes - 3 duites semblables


Le cannelé
C'est une amplification de l'armure toile dans un seul sens.
Le cannelé à effet de trame où le nombre de pris égale le nombre de sautés supérieurs à 1 que l'on contrarie à chaque duite. Le duitage étant supérieur au compte de chaine, les fils de chaine sont entièrement cachés et dessinent des côtes parallèles aux lisières. Exemple 3
Le cannelé à effet de chaine où le nombre de pris égale le nombre de sautés supérieurs à 1 que l'on contrarie à chaque duite. Le compte de trame étant supérieur au duitage, les fils de trame sont entièrement cachés et dessinent des côtes perpendiculaires aux lisières. Exemple 4

Ce tissage permet de mettre en valeur l'éclat de certains textiles tels que la soie et donne au tissu tombé et solidité. Il est possible de composer la série masquée par des fils d'un autre textile. Par exemple l'ottoman de soie est un cannelé à effet de chaine composé d'une trame de coton et d'une chaine de soie.Le reps est un cannelé à effet de trame.

Exemple 3
Cannelé à effet de trame

Exemple 4
Cannelé à effet de chaine


Le sergé
Le nombre de pris est différent du nombre de sauté avec un décochement à chaque duite égal à 1.
Les deux faces du tissus sont différentes. Une série de fil est plus visible que l'autre. Généralement, on considère que l'endroit du tissu est celui où le dessin des côtes montent de gauche à droite.

Pour un sergé à effet de chaine, les fils de chaine dominent sur l'endroit du tissu. Exemple 5. Pour un sergé à effet de trame, les fils de trame dominent sur l'endroit du tissu. Exemple 6

serge simple chaine

sergŽ simple trame

Exemple 5
Sergé simple à effet de chaine

Exemple 6
sergé simple à effet de trame

Le sergé est un tissu très souple qui peut subir des déformations importantes et ses différents dérivés permettent toutes les fantaisies possibles au moment du tissage. Par exemple : la gabardine de laine ou le twill de soie.
Des chevrons peuvent être déssinés avec la pointe dans le sens de la chaine ou dans le sens de la trame (serpentines) dont l'axe peut être souligné par un fil de couleur différente.Par exemple : sangle en lin, coutil à matelas en coton ou sac de farine en chanvre.


Le satin
Cette armure présente de grands flottés avec un liage égal à 1 et un décochement surpérieur à 1.
Les deux faces du tissus sont différentes et l'endroit présente un aspect uni, lisse et brillant selon le fil utilisé .

Le satin est résistant mais il convient de renforcer sa solidité pour la soie avec des fils masqués en coton ou en lin.
Comme les autres armures, le satin peut être à effet de chaine - exemple 7 ou à effet de trame - exemple 8.
Il permet de mettre en valeur l'éclat brillant d'une soie.

Exemple 7
satin à effet de chaine

Exemple 8
satin à effet de trame

Certains satins ont des noms :
Satin de 8 (7 sautés 1 pris ou 7 pris 1 sauté) : le satin Duchesse
Satin de 6 (5 sautés 1 pris ou 5 pris 1 sauté) : le satin à la Reine
Satin de 7 à effet de trame avec un décochement de 4 en coton ou en laine : le satin Grains de Poudre
Satin de 5 avec décochement de 3 : satin Moleskine
Satin de 8 à effet de trame avec un décochement de 5 : satin Moleskine grain croisé, utilisé principalement pour les vêtements de travail en coton car robuste.
La flanelle et le molleton sont des satins de laine très courants



Les différents aspects du tissu

Tissu écru : n'ayant subi aucun blanchiment ; il possède la couleur naturelle du textile qui le compose.Exemple la toile de lin
Tissu crémé : ayant subi un blanchiment incomplet avant tissage. Exemple : la toile de lin pour les draps de lit
Tissu blanchi : ayant subi un blanchiment total. Exemple : la batiste de lin ou le linon de coton
Tissu teint : de couleur unie, identique sur les deux faces, différente de la couleur naturelle du textile qui le compose.Il est souvent teint avant tissage. Exemple : toile de coton bleue
Tissu imprimé ou "toile peinte" : la couleur est limitée à certaines parties de son endroit. Exemple : toile "indienne"
Tissu nuancé : composé de fils de différentes couleurs dont l'entrecroisement forme des motifs. Exemple : tartan écossais

Tissus apprêtés

moiré : avec des reflets irréguliers obtenus par frottement des diverses parties du tissu les unes sur les autres.
gaufré : avec des parties en relief obtenues par passage du tissu entre deux cylindres gravés ou par artifice de tissage tel que le satin.
glacé : avec une surface brillante obtenue par imprégnation du tissu dans un bain de cire. Le chintz est un tissu glacé.
gratté : avec un aspect duveteux obtenu par frottement du tissu sur des brosses ou des chardons.La finette est grattée seulement sur son endroit et le molleton est gratté sur les deux faces



Suite de l'exposition : les différentes utilisations

Logo de la Compagnie des Cent Associes
Logo des Sujets du Bien Aimé
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