Etant de plus en plus feignante, j'ai décidé de façon unilatérale que mes petits camarades de jeu allaient mettre la main à la plume pour vous écrire des mots. Donc voici le premier de la série : un texte extrait du "Septième Abrégé de la Carte Générale du Militaire de France..." par le sieur Lemau de la Jaisse, ed. 1741, transmis par Joli-Coeur du Royal Ecossois, faisant référence aux drapeaux des Compagnies Franches de la Marine.

Le second article, écrit par Jean-Michel, présente la situation des esclaves au Canada pendant le Régime Français.

Et le troisième dénonce le scandale de la fermeture du Musée des ATP parisien ! Pas contents ! Pas contents ! Pas contents !

Et enfin Thierry émet quelques (?) doutes quant au film La Nouvelle France.

Compagnies Franches ordinaires de la Marine

UNIFORME, Habit & paremens blancs, doublure bleuë, petit colet blanc boutonné, boutons de cuivre plats, manches en bottes, poches en travers, veste, culotte & bas bleux, chapeau bordé d'or, & cocarde noire : Les Capitaines d'Armes ont les manches & les poches bordées d'or fin, avec des brandebourgs sur les manches ; & les Sergens de même, sans brandebourgs.

CES CINQUANTE COMPAGNIES FRANCHES sont commandées chacune par un Lieutenant de Vaisseau, qui en est le Capitaine, & deux Enseignes de Vaisseaux, dont l'ancien est Lieutenant, & le second est Enseigne de la Compagnie. Par l'Ordonnance du Roy du 3. May 1736. elles étoient à 60. Hommes chacune, & ont été fixées par Sa Majesté en 1740. à 80. Hommes chacune ; avec un Drapeau Colonel, & deux d'Ordonnance dans chacun des Ports de Rochefort & de Brest, pour les Troupes de la Marine ; chaque Compagnie est composée d'un Capitaine d'Armes, de 3. Sergens, 6. Caporaux, un Tambour, un Fiffre, & 68. Soldats, faisant le susdit nombre de 80. Hommes, montante ensemble à quatre mille Hommes."

Alors au-delà du fait qu'il donne le justaucorps avec un petit colet blanc boutonné et des parements blancs... il nous précise que pour l'ensemble des Troupes de la Marine il y a "un Drapeau Colonel, & deux d'Ordonnance dans chacun des Ports de Rochefort & de Brest". Ceux-ci devant naturellement être conservés à la Capitainerie de ces deux ports... ce qui retranche l'idée préconsue qu'il y avait un Drapeau par compagnie, la présence d'un drapeau arboré par les compagnies franches de la marine en Nouvelle-France (quel qu'il puisse être) est donc en soi un anachronisme. Je vais quand même essayer de trouver le texte original des Ordonnances pour voir s'il y a plus de détails.

JoliCoeur
 

L'esclavage dans la Canada au XVIIIème siècle.

Le "rêve américain" des Européens partis s'installer au Nouveau Monde eut un prix : la déportation et l'exploitation d'une main d'oeuvre servile d'origine africaine dans presque toutes les Amériques.

Pour autant, l'esclavage ne s'y développa pas de manière uniforme. L'esclavage des Africains prit peu d'importance tant sur le plan démographique que sur le plan sociologique au Canada, et ne joua pas de rôle majeur dans le développement économique de la vallée du Saint Laurent. Il présentait dans la colonie du canada des caractéristiques propres étroitement liées à la faiblesse du peuplement blanc et au quasi-arrêt de la traite vers l'Amérique du Nord Française en 1731. La possession d'esclaves noirs au Canada fût autorisée par le pouvoir royal en 1689, et 300 esclaves d'origine africaine furent répertoriés durant le reste de la période française (1689 à 1762, soit 72 ans), dont une majorité de femmes.

Les habitants les "achetaient" à titre individuel aux Antilles, le plus souvent en Guadeloupe et en Martinique, et plus des deux tiers des propriétaires n'en possédaient d'un seul. De 1689 à 1719, le prix d'un esclave en bonne santé et en âge de travailler, soit plus de 17 ans pour les hommes et plus de 15 ans pour les femmes, avait été fixé à 650 livres. En 1719, le prix augmenta à 1 000 livres et à 1 350 livres en 1722. Entre 1731, date du quasi-arrêt de la traite à 1762, le prix fut élevé à 1 500 livres.

La plupart des esclaves vivaient en ville, à Montréal et à Québec, au sein d'une famille riche. A Montréal, une esclave noire vivant dans une maisonnée qui comprenait par ailleurs que des engagés ou des domestiques blancs, menait une vie très différente de celle d'un esclave noir évoluant dans une plantation du Sud ou des Antilles parmi plusieurs dizaines d'autres esclaves.

Les relations personnelles entre l'esclave montréalaise et son maitre étaient plus étroites et moins empreintes de racisme, et la vie urbaine offrait à cette femme davantage d'opportunités pour nouer des relations avec de nombreux blancs. En revanche, elle avait plus de difficultés que l'esclave des plantations à maintenir vivantes sa langue et sa culture africaines et à trouver un conjoint de même origine.

Selon le Code Noir Canadien, les maîtres avaient l'obligation de nourrir, de vêtir et d'entretenir leurs esclaves. Ils devaient aussi en prendre soin s'ils étaient blessés ou malades. L'ordonnance autorisait les esclaves à déposer une plainte auprès du Procureur du Roi au cas où ces obligations n'étaient pas respectées ; le Procureur pouvant alors poursuivre le maître fautif en justice... mais, concrètement, aucune procédure de ce type ne fut engagée.

Les archives canadiennes attestent que les esclaves malades étaient souvent envoyés par leurs propriétaires dans les hôpitaux de la colonie afin que leurs maux soient soignés au mieux, et que certains, trop vieux pour continuer à servir, furent mis en pension à l'Hôpital Général au prix de 150 livres par an pour être logé, nourri et soigné jusqu'à leur belle mort.

Au Canada, selon le Code Noir, les esclaves purent porter, outre leur prénom chrétien, un patronyme, le plus souvent celui du maitre. Comme le port d'un prénom sans nom de famille situait la personne au bas de la hiérarchie sociale, c'etait là une manière de promotion sociale dont ne bénéficiaient pas les esclaves dans les autres colonies d'Amérique.

Code Noir

Les tâches des esclaves et l'organisation de leur travail tout au long de l'année n'étaient pas très différentes de celles des Canadiens. Pour le travail, il n'existait pas de ségrégation entre Européens et Africains car les habitants ne possédaient pas assez d'esclaves pour qu'ils puissent se dispenser de travailler eux-mêmes. Selon le Code Noir Canadien, les esclaves devaient chômer les dimanches et jours de fête. La journée commençait au lever du soleil avec un déjeuner rapide. Ils faisaient une pose d'environ une heure et demie à deux heures au milieu de la journée, et il était d'usage de les laisser quitter le travail deux heures avant la nuit de sorte qu'ils aient le temps de préparer leur dîner.

De manière générale, les relations personnelles entre maitres et esclaves étaient beaucoup plus étroites avec les esclaves de sexe féminin. Outre les fonctions de domestique, de dames de compagnie (confidentes) pour ces dames ou de concubines pour ces messieurs - la sous-représentation des femmes blanches dans l'immigration a, en effet, contribué à pousser ces messieurs vers leurs esclaves noires ou vers les Indiennes - les femmes noires remplissaient également la tâche de nourrice pour les enfants blancs, cette seconde maman étant souvent plus présente que la véritable.

Quand on sait que 90% des esclaves du Canada étaient des femmes, on comprend que le Code Noir Canadien stipule :

  1. Tout enfant né du concubinage entre un maître et son esclave est affranchi. Il n'aura en héritage que le nom et la liberté ; il n'aura aucun droit d'héritage sur les biens, terres et titres de son père. Si son père n'a aucun légataire légal de ses biens, terres et titres reviennent à la Couronne
  2. Tout maître célibataire ou veuf a le droit d'affranchir son esclave noire afin d'en faire son épouse légitime. Elle n'aura en héritage que le nom et la liberté. Elle n'a aucun droit sur les biens terres et titres de son époux. Si l'époux n'a aucun légataire légal de ses biens, terres et titres reviennent à la Couronne. Les enfants nés de cette union naissent libres mais tombent sous le coup de l'article N°1.
  3. Une esclave noire a le droit de se faire épouser légalement par un engagé ou par un habitant, bien qu'elle reste la propriété de son maitre, même si celui-ci n'a pas le droit de la revendre afin de ne pas la séparer de son époux. Qu'elle reste propriété du maitre, qu'elle soit revendue à son époux ou affranchie, elle n'a aucun droit d'héritage. Par contre, les enfants nés de cette union sont libres et sont les légataires légaux de l'engagé ou de l'habitant.
  4. De la même manière, se forment des unions mixtes entre esclaves noires et autochtones, dont les enfants sont appelés "Griffes". Par contre, si elle est affranchie par son maitre ou revendue à son époux indien, elle sort du cadre de la réglementation française et se trouve soumise aux lois indiennes, donc elle peut être héritière.
  5. Tout enfant né en dehors du concubinage avec le maitre et en dehors du mariage légal, nait esclave et propriété du maitre de sa mère. De même manière, tout enfant né de deux esclaves nait servile et propriété du maitre de sa mère. Cela même si ses parents sont légalement mariés.

Ces règles d'affranchissment donnèrent naissance à une petite communauté de Noirs libres. Au Canada, on comptait à la fin du Régime Français 200 Noirs libres, dont 80% de mulâtres. A cette époque, certains Noirs libres étaient de petits fermiers, d'autres des voyageurs-engagés mais la plupart était employée comme charretiers, chasseurs, artisans et domestiques. Aux yeux de la Loi, cette communauté se divisait en deux groupes :

  1. Les "Couleurs", c'est-à-dire tous les Noirs, mulâtres et afro-indiens nés libres qui avaient réellement les mêmes droits que les engagés et habitants blancs.
  2. Les "Noirs libres", c'est-à-dire les esclaves affranchis qui étaient sensés avoir les mêmes droits que les personnes libres, mais qui restaient punis plus sévèrement que les Blancs ou que les Couleurs, en cas de vols ou autres délits, et cette sévérité à l'encontre des "affranchis" n'était pas seulement théorique : certains accusés de crimes divers, furent réduits de nouveau à la condition servile.

En conclusion, on peut dire que dans tout le Canada, il y eu très peu d'esclaves et que leurs conditions de vie étaient bien meilleures qu'aux Antilles et en Louisiane. Au Canada, malgrès la condition servile qui, quoi qu'on en dise, reste toujours très dure, les esclaves bénéficiaent d'une grande liberté de mouvements et entretenaient des relations d'amitié sincère avec les Français et les Amérindiens. Au Canada, il n'y eu tout simplement aucune rébellion massive d'esclaves durant tout le Régime Français, ce que l'on peut réellement attribuer à de meilleures conditions de vie, mais aussi au faible nombre d'esclaves et surtout au fait que 90% des esclaves étaient des femmes.

Des infos sur le Net :
Un article : http://www.samizdat.qc.ca/cosmos/sc_soc/histoire/esclave_ra.htm
Une visite très bien réalisée dans le musée des Histoires Oubliées : http://www2.histoiresoubliees.ca/ho4_020_ns19.htm
Références sur l'esclavage : http://guygiard.artbabyart.net/slavetrade.htm
La présence noire au Canada : http://www.blackstudies.ca/gallery/top.htm

Complément d'infos : Marie-Joseph Angélique, l'exception qui confirme la règle.
Marie-Joseph Angélique, esclave noire est née vers 1710 et pendue à Montréal le 21 juin 1734; elle était propriété et esclave de madame de Francheville, veuve de François Poulin de Francheville, baptisée le 28 juin 1730, à Montréal. Marie-Joseph Angélique et son conjoint César, esclave d'Ignace Gamelin, ont trois enfants. soit un fils en janvier 1731 et des jumeaux en mai 1732. En 1734, Marie-Joseph Angélique est la première à avoir initié une protestation publique contre l'esclavagisme. Apprenant que la veuve de Francheville songe à la vendre, elle décide de fuir en Nouvelle-Angleterre et par vengeance et défi, la nuit du 10 au 11 avril 1734, Marie-Joseph Angélique met le feu à la résidence de sa maîtresse sur la rue St-Paul, dans le Vieux-Montréal. L'incendie se répand à près de quarante bâtiments, dont l'Hôtel-Dieu (46 bâtiments d'après un autre article). Marie-Joseph Angélique fuit, mais elle est arrêtée, emprisonnée et jugée par le tribunal de Montréal. Une première sentence tombe le 4 juin 1734 :…promenade dans un tombereau à immondices, amende honorable devant l'église paroissiale, avoir le poing coupé, être brûlée vive !. .. le tout précédé de tortures, favorisant ses aveux. Angélique en appelle au Conseil Supérieur de Québec qui décide le 12 juin de maintenir la sentence.
Cependant, par générosité, le poing ne sera pas coupé et on la pendra avant de faire brûler son corps. Le 21 juin, dans sa prison de Montréal. Angélique est torturée encore une fois. Après quatre séances. elle avoue son crime. Le. même après-midi, elle subit sa sentence : "…exposée en public, pendue, brûlée.., ses cendres furent jetées au vent.

Source : Je ne suis pas raciste, mais… du collectif des femmes immigrantes de Québec 1994 p. 21 sur le site : http://www.lumiereboreale.qc.ca/utilitaire/communique2.jsp?id=251

Nota de Pascale : la sévère sentance reçue par Marie-Joseph est celle que n'importe quel incendiaire aurait reçu à l'époque, surtout qu'elle était responsable de la destruction de tout un quartier comprenant l'hopital. Elle est condamnée ainsi parce qu'elle est une incendiaire et non parce qu'elle était une esclave noire, même si sa motivation première est celle d'une rébellion contre un état servile.

Extrait de la Coutume de Paris en vigueur en Nouvelle France sous le Régime Français
Extrait de la Coutume de Paris en vigueur en Nouvelle France sous le Régime Français

   

L'étrange politique culturelle de la Très Vieille France ou Thierry a besoin d'une bonne douche.

La nouvelle est tombée comme un coup de tomahawk sur le coin de mon crâne. Là, étalé (pas trop quand même) en page 5 du supplément régional du journal Le Parisien (cliquez ici pour lire l'article - gros fichier : 744 Ko) l'annonce de la fermeture du Musée des Arts & Traditions Populaires. Le coup est rude, la fermeture définitive des ATP le 5 septembre prochain et ce, dans l'indifférence générale. Mais que le pecum vulgus se rassure : il rouvrira ses portes... à Marseille... en 2010 (nota 2011 : le musée n'est toujours pas ouvert, suite aux luttes intestines du comité Marseilles 2012 capitale européenne de la culture) ! On rêve ! Motif de la fermeture : une baisse de la fréquentation. De l'avis de quelques clercs, le musée est viellot et la muséographie par trop anarchique ! Pas du tout : il a le charme romantique des greniers de Grand'Mère où l'on se perd à rêvasser en ouvrant une vielle malle poussièreuse.

Depuis dix ans, l'élite culturelle de notre beau pays marche sur la tête, principalement en matière de conservation du patrimoine.

  • Fermeture du Musée de l'Homme et du Musée des Arts Africains & Océaniens au profit de la création du Musée des Arts Premiers où ne seront exposées que (sic) "les plus belles pièces représentatives". Représentatives de quoi pour qui ? On se le demande ! Car la vérité est toute autre : la création du musée du Quai Branly ne repose que sur le desir de l'actuelle présidence de voir mis en avant des goûts chers à notre monarque en exercice. Et oui : il y a désormais peu de chance pour les amateurs de la collection unique d'ojets amérindiens de la contempler ou l'étudier dans son ensemble. Le pauvre Ken Hamilton, historien spécialiste des Natifs des grands lacs et adepte de Living History, aura probablement été l'un des derniers à l'avoir vue lors de sa venue en France. Il faut préciser que, de toute façon, les salles concernées étaient fermées au public depuis plusieurs années ! Le temps nécessaire à l'oubli.
  • Assasinat de l'archéologie d'urgence : en permettant aux entrepreneurs de passer outre les fouilles de sauvetage lors de découvertes de site durant des chantiers. De part la modification de la Loi, notre beau pays a fait en ce domaine un bond en arrière nous ramenant dans les années 1970 ! C'est peut-être ça l'achéologie selon Saint Jacques...
  • Et aujourd'hui l'avant-dernier chapitre (le dernier - on peut toujours rêver - sera la fermeture en 2006 du Musée de Sèvres qui contient les plus belles collections de faïences et de porcelaine de ce pays. Nous y reviendrons dès que nous aurons plus d'informations sur le sujet) de cet immense gâchis est donc la fermeture des ATP. La création d'un futur musée pompeusement appeler "Musée des Civilisations d'Europe et de la Méditerrannée", érigé à Marseille est une tarte à la crème politiquassière.

Que l'on m'explique comment un musée d'ethnologie portant sur l'historie française des origines à nos jours pourrait ne pas souffrir d'une extension à des collections européennes et méditerrannéennes alos que dejà les locaux parisiens ne permettaient pas la présentation du fonds concernant nos regions ?

Que l'on m'explique comment un centre documentaire renfermant des milliers de références pourrait être plus accessible alors que la Réunion des Musées Nationaux n'est toujours pas capable de mettre en ligne des sites Internet proposant à leurs visiteurs autre chose que les heures d'ouverture et l'affiche de l'exposition en cours ; qu'elle est incapable d'offrir des bases informatiques satisfaisantes et accessibles à tous pour les musées existants ? Pour rigoler, faites la comparaison entre le site de la BNF et celui de la Bibliothèque du Congrès Américain et vous aurez une bonne idée de ce que l'élite française est capable de faire en matière de culture. Si vous êtes prêt à payer, vous aurez accès à la culture. Ça, c'est démocratique, mon pote ! Bon, j'avoue, je suis un peu énervé mais je l'affirme bien haut, même si personne n'y fait attention : je me fous comme de mon premier pagne de la mise en place d'une exposition sur "la mode des paysans du Danube dans les plaines slovaques entre le 27 septembre 1698 et le 3 mars 1702 " ou "l'importance des relations commerciales du bassin méditerranéen et leurs retombées sur les machines agraires du sud Maghreb". Quitte à être taxé de "réac", je m'en bats la hure. Non, mais des fois !!! J'ai suffisamment à faire avec 250 d'aventure de la Nouvelle France et 2 000 ans d'évolution de la société française.

Sans la mine d'or que représentent les ATP, les deux années de travail et de recherches sur la typologie des sabots français n'auraient pas été possibles. Une bonne partie du travail documentaire effectué pour le site de la Compagnie est basé sur le fonds des ATP et nombre de questions posées seraient restées sans réponse. Il y a fort à parier que les sources documentaires et les objets ne soient désormais accessibles qu'à quelques chercheurs patentés, le pauvre pékin devant se contenter d'expositions pré-pensées dans une muséographie très tendance zazen-macrobiotique.

Affaire à suivre donc. 2010 est une date éloignée et le dit Musée des Civilisations d'Europe et de la Méditerranée peut très bien tomber dans le tonneau des Danaïdes en entrainant dans sa chute les collections des ATP.

Ventrebleu ! Y'a des coups de mocassins au fondement que se perdent !

   

La Nouvelle France - le Film ou à moi, j'ai déjà peur !

C'est avec joie et bonheur que nous apprenions via les affiches qu'un film intitulé " Nouvelle France" arrivait sur nos écrans. Poussé par une fringale bien normale, nous voici pianotant sur le clavier pour trouver le site officiel du film : http://www.filmnouvellefrance.com/. Joli site, musique, photos... Chouette ! Y'a même des images et des interviews qui bougent et "ouskikozent". Bon c'est là que les Athéniens s'atteignirent, que les Perses se perçèrent et que les Corses se corsèrent !!

L'interview du responsable des costumes sur les Natifs est à lui seul un grand moment d'anthologie : choix des peaux, couleurs acryliques et grand sérieux sont au rendez-vous. Poussés donc par tant de volonté de rigueur historique, nous voici consultant les photos d'exploitation... Waaaooooh ! Si les costumes "français" et britanniques semblent - j'ai bien dit "semblent" - crédibles, je me pose des questions sur l'accoutrement de l'héroîne et de la belle native. Comme ça, à première vue, ce sont de très beaux objets historiques non identifiés. Il parait même que le concepteur des costumes a reçu un prix... Mais là je me ré-interroge : les costumes de théâtre ne sont pas forcément des costumes historiquement irréprochables. Bizarre d'autant que les personnes compétentes ne manquent pas en ce domaine au Canada, à commencer par Suzanne Gousse...

Trois Mains a peur !

J'invite les visiteurs du site du film à lire les textes qui expliquent que les Montagnais étaient antropophages, ce qui ne manquera pas, je pense, de les ravir. Sans oublier les approches ethno-religio-merdouilleuses des sociétés amérindiennes, hautement "documentées", qui sont à mourrir de rire.

Quant à lui, le scénario fleure bon le portnawak (attention ceci est une expression titiesque, pas du Micmac) : dans une Nouvelle France sous la férule de Français pas beaux et pas gentils qui se moquent du Canada et qui ne font que des malversations et de vilains pas gentils et pas beaux (notez la différence) Anglais qui veulent par intérêt la cours de récréation des pas beaux Français cités plus haut, une belle et insoumise canadienne traverse les évènements à la recherche de l'Amour et en plus, elle est copine de la super gentille Native et de ses copains qui l'ont instruite dans les secrets des Indiens qui sont proches de la Nature (je sais : c'est long et essouflant, mais vous n'aviez qu'à suivre !). C'est sûr : avec un tel "pitch", y a intéret à faire dans l'oeuvre lacrimale sur fond de braillements de Céline pour émouvoir dans les chaumières. "Autant en Emporte le Vent" au XVIIIème Siècle, des relends identitaires désagréables en plus et le panache en moins.

Je suis d'une mauvaise foi exemplaire car les critiques ditirambiques de Garou et Luc Plamendon devraient me ramener dans le giron de la raison mais j'ai bien peur que nous ne devions encore attendre longtemps LE FILM sur l'aventure de la Nouvelle France, tourné avec de véritables conseillers historiques sur un véritable scénario. Bon d'accord, n'est pas Mickael Man qui vent.

Allez tiens, je suis trop déprimé. Je préfère retourner dans mon canapé et visionner pour la 3867eme fois le "Dernier des Mohicans", même s'il y a encore quelques erreurs historiques mais Madeleine Stowe est plus sexy que "Depardiou".

   

Et Jean-Lucien n'est pas en reste car il m'a donné l'adresse d'un site INDISPENSABLE sur les objets de traite en Nouvelle-France" . Ce site fournit des informations sur les objets de traite échangés par les Français avec les indiens de l'Amérique du Nord pendant les 17èmes et 18èmes siècles. Les informations sont présentées sous forme de rapports de fouilles ou d'articles d'historiens. En anglais certes, mais bon sang, c'est formidable !

Collaborateurs sur ce site : Simon Gilbert, Charles Garrad, William F. Fitzgerald, Timothy J. Kent, Jamie Hunter, Robert Speelman, Jake Ilko, Christian Lemasson, David Ledoyen, Steve Delisle et Ken Hamilton (dont nous aimerions bien avoir des nouvelles ! )

http://www.lanouvelle-france.com/

Jean-Lucien

En plus de tout ça et en attendant de vous parler du dernier Printemps Educatif de la Compagnie, voici quelques photos d'un joli camp dans le Jura organisé par l'Eugène, dans un cadre très canadien. D'ailleurs le VRAI Lac de Chambly est à quelques kilomètres de là. Ah mais !

Vers le diaporam Jura du marbre 13

 

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